e Maître en Arts Martiaux est, d'abord, le disciple de son ou de ses Maîtres. Il reste leur disciple et se conduit comme tel. Il a subit une formation technique, physique et psychique qu'il peut transmettre à son tour. S'il a été bien formé, il est suffisamment modeste pour connaître les limites de sa connaissance. Mais, ce qu'il connaît, il peut le transmettre. Si donc il enseigne, il doit sans fausse modestie prendre la responsabilité de la transformation de son disciple. Il doit l'assumer courageusement, et se conduire de telle façon qu'il puisse lui servir d'exemple, non seulement de technique, mais aussi de caractère, de maîtrise et des autres aspects du Bushido. Cette prise de responsabilité implique du
courage, mais aussi la "Tendresse du guerrier" pour le disciple. C'est le respect du Maître pour le futur Maître qui dort en son disciple. Le disciple à son tour accepte d'être formé, même douloureusement, par son Maître et le respecte profondément. Ainsi, Maître et disciples se forment mutuellement et se respectent réciproquement.
Cette attitude de respect doit s'étendre au Dojo, où l'enseignement est donné, et la voie supérieure recherchée. Elle doit englober aussi les partenaires dans la même recherche. S'il y a respect, il ne peut y avoir vulgarité. L'âge, qui implique l'expérience de la vie, les anciens dans l'étude, les grades élevés, les débutants, les faibles, doivent être l'objet du respect passif et actif du ceinture noire. A son tour, en cela, il doit être un modèle. Le respect de soi-même, une dignité naturelle, sans affectation, pleine
d'amitié doit caractériser la ceinture noire. Cette dignité se développe par la pratique du respect du Maître, mais aussi du respect de tous. Elle implique une conscience éveillée. Il faut surtout éviter la critique et le dénigrement des autres, car cette néfaste habitude a pour but inconscient de se louanger soi-même. "Un tel est ainsi", cela sous-entend : "Je ne suis pas comme lui". "Un tel a fait, a dit telle chose", cela sous-entend : "Moi, je n'aurais pas dit, ou pas fait cela". Rabaisser autrui est un moyen facile de se grandir relativement à peu de frais. De telles pratiques sont indignes d'une ceinture noire. C'est de la prétention inconsciente. C'est seulement en apportant ce qui manque qu'on peut améliorer un homme ou une situation. Seul le Maître peut et doit critiquer, encore le fait-il avec mesure, courtoisie et
bonté, ce qui n'exclut pas les fermetés nécessaires.
Pour respecter les autres, il faut pouvoir résister à ses propres passions : d'irritation, de colère, de désir, de peur etc. ... Résister à ses entraînements passionnels, c'est le véritable
respect de soi. Faire régner le Moi supérieur sur sa condition humaine, c'est faire preuve d'humanité vraie. La force d'âme, combinée au respect d'autrui et à
la politesse, qui ne veut pas affliger ou gêner les autres, aboutit à une attitude stoïque. Dans le Bushido, cela est connu comme
le contrôle de soi.