ais toutes ces fidélités et loyautés ont un dénominateur commun. C'est la consécration de sa vie à quelque chose de plus grand que soi, et que les possessions humaines ou matérielles.
Celui qui ne vit que pour soi ou ses possessions humaines ou matérielles, est un vivant de qualité médiocre, qui ne sauvera finalement aucune de ses possessions, ni même sa vie, puisque tôt ou tard il mourra.
L'adepte du Bushido offre sa vie entière à l'idéal qui lui semble le plus vrai. Ainsi, c'est sous la forme de cet idéal, que l'amour de la vérité l'anime. Le sens du devoir en résulte.
Le Bushido tranche dans ce sens, et ses adeptes connaissent de cruels dilemmes, où il faut choisir, entre plusieurs devoirs, celui qui est le plus élevé.
Sanyo raconte de façon émouvante la lutte intérieure qui déchire Shigemori lors de la rébellion de son père contre son suzerain : "Si je suis loyal, mon père est perdu; si j'obéis à mon père, je manque à mon devoir envers mon suzerain". Il priait de toute son âme pour que le ciel ait la clémence de lui envoyer la mort.
Dans nul autre cas la piété filiale n'est plus grande qu'au Japon. Pourtant le Bushido choisit sans hésiter la fidélité et le loyalisme au souverain, au chef.
Les femmes elles-mêmes, élèvent leurs enfants dans cet esprit et les encouragent à se sacrifier s'il le faut.
L'Etat étant considéré comme ancêtre des individus et représentant la continuité après eux, l'individu est inféodé aux lois de l'Etat. Déjà, Socrate, universellement estimé et aimé, pouvait facilement s'enfuir et sauver sa vie, supplié par ses disciples de quitter le pays. Il refusa et but la ciguë, plutôt que de ne pas accepter la condamnation, même injuste, des tribunaux de la cité. Il voulut, en mourant dignement et paisiblement, donner à ses disciples l'exemple du
courage, de la fidélité et de la loyauté à l'égard de l'Etat.
Cependant, le Bushido, s'il enseigne la fidélité et la loyauté à un Maître ou à un suzerain digne de cette consécration, ne demande pas de sacrifier sa conscience à qui n'en est pas digne. En pareil cas, le devoir du Samouraï est d'employer tous les moyens possibles pour persuader le Maître ou le suzerain de ses erreurs.
Autrefois, il était d'usage courant après un dernier appel à son intelligence et à sa conscience, qu'en cas d'échec, il atteste sa réprobation et sa
sincérité en versant son propre sang. Parfois, il en est encore ainsi de nos jours.
Celui qui, sous couleur de dévouement, mais en réalité pour des motifs égoïstes d'intérêt personnel, est servile et plat avec un Maître ou un suzerain indigne est méprisé par ses pairs. On le dit Nei-Shin ou Cho-Shin.
L'honneur, l'éducation et
le courage des Samouraïs s'opposent à toute servitude obséquieuse.
De nos jours, les principes directeurs du Bushido restent toujours vrais, mais doivent être adaptés à des situations nouvelles.
Dans les Arts Martiaux, les relations de Maître à disciple sont le grand idéal humaniste traditionnel. Son application dans la vie tout entière offre un large champ de réalisation des principes du Bushido. Il convient donc que les ceintures noires s'en inspirent, le respectent et le vivent.
Mais les relations Maître-disciple sont impossibles sans
modestie.